12.10.2018

Comment l’écosite traite les VHU ?

Deux garages ont récemment été agréés pour la dépollution des VHU afin accélérer l’évacuation des quantités d’épaves éparpillées en partie française. Ils travaillent en sous-traitance avec Verde Sxm qui gère l’écosite. C’est le seul centre agréé de l’île pour toute la chaîne de traitement des VHU.

« Nous avons l’agrément pour l’ensemble des opérations de traitement des VHU. Nous avons en plus une autorisation préfectorale nous permettant de stocker un certain volume de VHU, d’avoir les installations qui permettent de gérer l’aval de la filière, c’est à dire la mise en balle avec une presse ou le broyage » avance Patrick Villemin, président de Verde-Sxm.

Un centre VHU doit comprendre plusieurs éléments : notamment de quoi récupérer les fluides, un centre de stockage, et surtout un livre de police, sous forme informatique maintenant. « Pour chaque véhicule qui rentre ici, on entre ses caractéristiques, les numéros de plaque s’il y a, …c’est la fiche d’identité qui suit le véhicule tout au long de sa chaîne. Ce logiciel assez sophistiqué nous permet de justifier réglementairement du bon fonctionnement du centre VHU. Tous les mois nous faisons un extrait de ce fichier que nous donnons à la COM au service des immatriculations ce qui lui permet de retirer de son fichier tous les véhicules que nous avons traités ici. » précise Patrick Villemin,

La réglementation oblige un centre VHU à recycler 95% de la partie recyclable d’un véhicule. Lorsqu’ils arrivent à l’écosite, les VHU sont d’abord transportés à l’atelier mécanique. Y sont enlevés les airbags, les câbles, les huiles et autres polluants, et enfin toutes les pièces de moteur qui sont encore en bon état. Ces pièces (sauf éléments de sécurité) sont ensuite étiquetées puis stockées afin d’être revendues aux particuliers et entreprises via un vendeur spécialisé, Booxt Caraïbe. Les moteurs sont vendus sur l’île ou envoyés à l’extérieur. « A l’heure actuelle nous traitons 26 VHU par jour » déclare Philippe, en charge de l’atelier.

Une fois dépollués et démontés, les véhicules vont à la destruction finale. Les rejoignent désormais ceux qui ont été dépollués par les garages récemment agréés. « En temps normal, ils passent automatiquement à la presse à balle : on doit retirer tout ce qui n’est pas recyclable au maximum et on en fait des balles » poursuit Patrick Villemin. Les véhicules sont compressés jusqu’à avoir la taille d’une machine à laver, puis entassés. « Sur ceux que l’on passe à la presse, nous n’avons pas séparé ferraille, aluminium, cuivre etc. » explique Patrick Villemin. Le reste de la séparation, qui permettra d’atteindre les 95% de recyclage de tout ce qui est recyclable, se fera dans l’usine de broyage où Verde-Sxm va envoyer ces balles. « Dès qu’on a de quoi remplir cinq containers, on les envoie sur les marchés internationaux. En ce moment ça part à Taïwan. Il y en a qui partent en Belgique, en France…Là il y a d’énormes broyeurs où la séparation se fait. La fin de la filière est faite là-bas. Et nous pouvons justifier de l’endroit où ça va » poursuit-il. .

Jusque-là, le centre VHU de l’écosite, ouvert début 2016, avait traité un peu moins de 800 épaves au total. Début septembre, il en était à 1 800 depuis Irma. Il en reste encore au moins mille, en plus des épaves dites « historiques ». Pour traiter un tel volume, Verde-Sxm a dû se réorganiser. Un deuxième atelier a été créé, et deux personnes supplémentaires recrutées, pour s’occuper des « épaves historiques ». Des carcasses présentes bien avant Irma, sur lesquelles il n’y a plus de pièce à récupérer et qui sont simplement dépolluées.

Mais surtout, en plus de la presse à balle, l’éco site a un nouvel outil pour la destruction finale. Face à l’augmentation du volume de déchets suite à Irma, Verde-Sxm loue à un partenaire guadeloupéen, une installation complète de broyage, qui permet de transformer les épaves en des milliers de confettis de ferraille, tout en séparant le cuivre, l’aluminium, et les réseaux électriques.

Fanny Fontan