30.05.2019

PPRN : ce que l’on sait et ignore de son contenu

Après le passage d’Irma, le président de la République a demandé à réviser le plan de prévention des risques naturels (PPRN) de Saint-Martin, précisément en actualisant l’aléa cyclonique en prenant en compte les nouvelles hauteurs de montée des eaux lors de la submersion marine. Selon le calendrier de la préfecture indiqué dans l’arrêté de mars 2019 portant prescription de la révision du PPRN, la troisième réunion publique devait permettre la présentation du nouveau zonage et le règlement. Cette réunion devait avoir lieu mercredi 29 mai mais a été interrompue au bout de quinze minutes devant la protestation du public. Tout comme la deuxième le 23 avril.

A ce jour que sait-on alors de ce PPRN révisé dont la préfecture souhaitait une application par anticipation en juin et une entrée en vigueur définitive en fin d’année ?

Les enjeux d’un PPRN

Le 9 avril, les services de l’Etat l’ont répété à plusieurs reprises : l’ambition de la révision du PPRN est de «réduire la vulnérabilité de la population» et «d’améliorer la résilience». C’est-à-dire de «minimiser les effets d’une catastrophe naturelle et de rebondir plus vite vers un état d’équilibre». La DEAL a en effet estimé que le territoire sera totalement reconstruit en septembre 2021. Si on «construit mieux dans des zones moins vulnérables», la reconstruction du territoire sera à l’avenir plus rapide après un cyclone. Cela «ralentira moins l’économie». Et la préfète d’ajouter le 29 mai : «Trop de personnes ont tout perdu et se sont retrouvées dans de grandes difficultés financières. Il faut tout mettre en œuvre pour que les dégâts soient moins importants la prochaine fois. C’est la vocation du PPRN.»

Quant au rôle de l’Etat, Sylvie Feucher l’a également précisé : «Il faut que chacun d’entre nous connaisse précisément les risques qu’ils encourent en habitant dans certaines zones. Je suis une citoyenne comme vous et je vous trouverai criminel de ne pas être informée. Libre à moi de rester ou de partir d’une zone dangereuse mais j’estime que l’Etat doit me le dire. C’est mon rôle en tant que préfet représentant de l’Etat.»

C’est aussi permettre aux gens «d’acheter leur maison en toute connaissance des risques» et «de la construire en tenant compte du risque lors du dépôt de permis de construire».

Les raisons de la révision

La submersion marine durant Irma a été plus grande que durant Luis ; Irma doit donc devenir le nouveau phénomène de référence en termes de prévention des risques. C’est-à-dire que ceux-ci doivent être quantifiés en fonction d’Irma désormais. C’est de la responsabilité de l’Etat de le faire.

«Le PPRN submersion marine veut informer des risques nouveaux apparus avec Irma », confirme la préfète.

En quoi consiste la révision

Entre les 7 et 15 octobre, quatre agents du Cerema sont venus à Saint-Martin et ont effectué 96 relevés des plus hautes eaux effectué des relevés des plus hautes eaux. Ces données ont permis de réaliser une carte des aléas qui illustre tous les endroits de la partie française inondés par la mer durant le passage d’Irma. Cette carte a été superposée avec celle de l’aléa cyclonique du plan de prévention des risques naturels (PPRN) élaboré par l’Etat en 2011. La superposition montre que des endroits qui n’étaient pas considérés à risques avec le PPRN de 2011, ont été submergés le 6 septembre 2017. A partir de ces données, les services de la direction de l’environnement (Deal) ont établi un nouveau zonage, en d’autres termes ont revu les zones rouge, orange, etc., du PPRN de 2011. En sachant qu’en 2011, il y avait déjà des zones rouges dites inconstructibles.

La carte des aléas a été communiquée à la COM le 30 novembre 2017 et présentée aux médias mi janvier 2018. Elle a en outre été mise en ligne sur les sites internet de la COM, de la préfecture et du Cerema. Elle devait être présentée au public le 23 avril lors de la deuxième réunion publique mais la réunion a été interrompue avant. De même le nouveau zonage devait être présenté le 29 mai mais la réunion a été interrompue avant.

Les conséquences de la révision

Considérant que le risque submersion marine est plus grand et concerne davantage de zones mais à des degrés divers, la Deal établit de nouvelles règles en matière de construction.

L’une des craintes d’une partie des habitants est d’être expropriés comme l’ont été des victimes d’inondations en métropole, ou de ne plus pouvoir reconstruire à l’identique leur maison.

Cependant, la préfète est catégorique : «en ce qui concerne la bande côtière, il n’est pas question de toucher aux constructions existantes », a-t-elle répété deux fois le 29 mai avant l’interruption de la troisième réunion. «Pour l’ensemble des zones, il n’a jamais été, il ne sera jamais question d’exproprier sur la base du PPRN. En revanche, l’Etat avec la COM et les architectes doivent inciter tous les habitants à se protéger», a-t-elle complété.

Les mesures de protection

Le nouveau règlement qui devait être présenté le 29 mai, précise les conditions de construction dans les différentes zones selon le risque.

La seule mesure connue et avancée par l’Etat depuis janvier 2018 est d’imposer à la population «dans certaines zones de placer les lieux de sommeil à l’étage ». «Mais il y a d’autres préconisations possibles », a convenu la préfète dans son discours introductif le 29 mai mais ses équipes n’ont pas pu les évoquer.

Au final à ce jour, on ne connaît que les enjeux du PPRN et on ignore encore son contenu. A l'exception de mettre les chambres à l’étage si l’on habite dans une zone à forts risques de submersion. Et encore on ne sait pas si la mesure s’appliquera uniquement aux nouvelles constructions ou non. Et quelles sont les zones concernées. La population ignore aussi toujours le nouveau zonage dévoilé pour l’instant uniquement aux élus.

Estelle Gasnet
3 commentaires

Commentaires

encore plus de béton en première ligne mer.
C’était l’occasion de redonner un peu d'espace libre sur le front de mer!!
il suffit de voir le scandale de la baie orientale des restaurants en béton sur la plage !!!!et ce n est pas fini

Ils ont comblé l'espace avec du remblais à l'endroit du coco beach et on construit en béton dessus en toute impunité !!!! Un scandale ! le règne de l'argent et de la corruption et le petites gens sont spoliés en parallèle ! Justice pour tous !

SI RIEN NE CHANGE REELLEMENT , A LIRE CET ARTICLE , MEME LES CHAMBRES A L ETAGE SEMBLENT UNE HYPOTHESE .......POURQUOI TOUT CE BAROUF A CHAQUE REUNION? IL SEMBLERAIT QUE LA POPULATION SOIT EN PLEINE PARANO .....OU ALORS ON A PAS VRAIMENT LES TENANTS ET ABOUTISSANTS?