02.09.2019

«Expédition punitive» pour récupérer un scooter volé

Quatre individus sont poursuivis en justice pour avoir agressé les deux auteurs d’un vol de scooter, aussi inculpés. Trois ont été condamnés par le tribunal de Saint-Martin, les trois autres seront jugés dans deux semaines.

Début août, JD et JL croient reconnaître le deux-roues volé de leur ami garé sur le parking d’une supérette à Quartier d’Orléans. Sur un scooter aussi, ils décident d’aller le récupérer. JD sort son arme, un pistolet automatique, et fait le guet tandis que JL monte sur le fameux scooter sur lequel le conducteur a laissé les clés le temps d’aller faire une course à la supérette. Les deux acolytes prennent la direction de Concordia.

Le lendemain matin, JD est à son travail dans une station-service à Sandy Ground. Il explique servir un client lorsqu’une voiture, avec son bord cinq individus, s’approche. L’un d’eux, LBM, le menace avec une arme de lui donner ce qu’il a, puis MC sort du véhicule et pique JD avec son peigne-couteau. Un troisième individu, DG, sort et frappe le pompiste avec une batte de base-ball. CM descend et donne des coups de pieds à JD. «J’essayais de les séparer», confie-t-il. Seul le conducteur restera à bord. Les quatre jeunes hommes arrachent la sacoche que porte en bandoulière JD et s’enfuient. Blessé, JD sera transporté à l’hôpital. Les gendarmes sont alertés et ouvrent une enquête.

Il va s’avérer que le scooter récupéré à Quartier d’Orléans, n’est pas celui de l’ami de JD et JL comme ils le pensaient, mais celui de CM, l’un des cinq individus auteurs des violences à la station-service. En réalité, il s’agit d’un scooter volé, CM l’a acquis quelques semaines plus tôt en partie hollandaise dans des conditions suspectes. Le deux-roues a tellement été trafiqué qu’il est impossible pour les gendarmes de retrouver le vrai propriétaire.

Lorsqu’il se fait dérober son scooter devant la supérette, CM se dit «en état de choc» après avoir vu l’arme de JD. Rapidement, il informe ses amis et cousins du vol, qui vont décider «ensemble» d’aller le récupérer car JL «est trop molle». Ils contactent l’une de leur connaissance, le chauffeur de la voiture, et se rendent à cinq à la station-service le lendemain aux alentours de 9 heures.

LBM a identifié JD en menant sa propre enquête. Il a demandé au gérant de la supérette de visionner les images des caméras de surveillance, images qui seront filmées sur un téléphone avant d’être effacées sur les deux supports. Elles ne pourront donc pas être vues par les gendarmes. LBM semble être «le cerveau de l’expédition punitive» comprend le tribunal.

Le déroulement des faits à la station-service diffère selon la version de JD et des autres. Selon JD, LBM l’a menacé en premier, selon LBM c’est JD. Le pompiste explique qu’il était en train de servir un client et était en train de ranger dans sa sacoche son téléphone portable qu’il tenait de l’autre main, lorsque LBM a sorti son arme. De son côté, LBM et ses comparses, affirment que JD plongeait sa main dans sa sacoche pour y sortir son arme. A la barre du tribunal, seul CM assure avoir vu le bout du canon dépasser de la pochette de JD. LMB dit, lui, «je ne lui ai pas laissé le temps de la sortir». «Comment savez-vous que JD était armé ?», lui demandent les magistrats. «Je le sais car je l’ai vu avec une arme sur les vidéos de la supérette», répond-il.

Au final, les faits avérés et reconnus par chacun sont le vol du scooter, les violences portées à JD et le vol de sa sacoche dans laquelle des effets personnels (cartes bancaire, d’identité, argent, etc.) et son arme seront découverts par LBM et ses amis. LBM ira rendre la sacoche à la station-service mais sans le pistolet. «Vous croyez que je vais rendre l’arme à quelqu’un qui m’a menacé ? », s’est-il justifié auprès des gendarmes qui retrouveront le Glock 27 chez lui lors d’une perquisition.

Les cinq individus (tous sauf le conducteur de la voiture) sont poursuivis en justice : JD et JL pour vol en réunion du scooter devant la supérette, LBM, MC, CM et DG pour vol aggravé (violences et en réunion) de la sacoche. JD et LBM sont aussi poursuivis pour détention d’arme.

Agés de 27, 23 et 22 ans, JD, LBM et JL ont été présentés vendredi matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin en comparution immédiate ; les deux premiers ont été présentés sous escorte, JL a comparu libre. L’avocat des trois autres – le même que celui de LBM- a demandé un renvoi de leur procès car il n’avait pris connaissance de leur dossier que le matin même de la comparution ; l’affaire sera examinée le 11 septembre à Saint-Martin. Ils ont tout de même été entendus en qualité de témoin lors de l’audience vendredi.

Si JD et JL avaient appelé les gendarmes le jour où ils ont cru reconnaître le scooter de leur ami (qui avait déposé plainte pour vol), au lieu de vouloir le récupérer «[ils ne seraient] pas là », a affirmé le vice-procureur. Même remarque à LBM : il aurait dû appeler les gendarmes lorsqu’il a su que JD et JL avaient dérobé le deux-roues. «Mais ils ont préféré faire justice eux-mêmes», constate-t-il.

«JD a certes déposé plainte après avoir été agressé mais il a oublié de dire qu’il avait un Glock dans sa sacoche. Il s’est mis en dehors des règles lui-même ; il en a subi les conséquences le lendemain», a commenté le parquet qui a requis une peine de deux ans de prison dont la moitié assortie du sursis mise à l’épreuve durant dix-huit mois. Pour LBM, une peine de trois ans de prison dont la moitié assortie du sursis mise à l’épreuve durant dix-huit mois a été demandée. A l’encontre des deux, un mandat de dépôt et une interdiction de détenir pendant cinq ans une arme soumise à autorisation, ont été en outre requis.

Le parquet a sollicité six mois de prison avec sursis à l’encontre de JL.

Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé des peines d’un an et deux ans de prison ferme à l’encontre de JD et LBM (dont les copines sont enceintes) ainsi qu’une interdiction de détenir pendant cinq ans une arme soumise à autorisation. Des mandats de dépôts ont été prononcés ; les deux jeunes hommes qui comptaient déjà huit et deux condamnations, ont été transférés en prison en Guadeloupe l’après-midi même. JL dont le casier judiciaire était vierge, a écopé de six mois de prison avec sursis.

Enfin, JD s’est constitué partie civile pour les faits d’agression, l’affaire a été renvoyée sur intérêt civil. De prison en Guadeloupe, il sera entendu en visioconférence à la fin du mois par la cour d’Assises de Rodez lors d’un procès portant sur une tentative de meurtre.

Estelle Gasnet
2 commentaires

Commentaires

saloperie de jeunes merdes délinquants, allez, au trou, allez vous faire prendre le fion par des grosses teubs

Désolé ce commentaire est inutile et devrait être censuré .
Cette histoire lamentable met en évidence une carence de l état .... allez les gendarmes au boulot .....