20.09.2019

Elle détourne plus de 10 000 euros du compte bancaire d'une personne âgée à son profit

La victime est la personne chez qui la prévenue faisait du ménage et la cuisine.

Une personne âgée, PE, se rend compte qu’il lui manque de l’argent sur son compte bancaire. Elle en informe son fils qui va contacter la banque pour éclaircir la situation. Il avait pu consulter, dans un distributeur automatique, les rentrées d’argent mais pas les sorties ; les rentrées étant normales. La conseillère clientèle explique que les relevés bancaires sont envoyés chaque mois par voie électronique. Le fils s’étonne puisque sa mère n’a pas d’adresse email. Il découvre alors que le titulaire de ladite adresse est BP, la personne qui vient quelques heures par jour aider sa mère, handicapée et dans un fauteuil roulant, lorsque son père s’absente.

Il s’avère que BP détourne de manière régulière des fonds en sa faveur. Une plainte en gendarmerie est déposée à son encontre. BP, 48 ans et mère de six enfants, est poursuivie en justice pour escroquerie au préjudice d’une personne vulnérable entre octobre 2017 et octobre 2018. Elle a comparu devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin jeudi 19 septembre.

A la barre, BP a expliqué qu’elle avait été autorisée par la victime (décédée depuis les faits) à effectuer les virements. Elle dit qu’il avait été acté qu’elle devait percevoir la somme de 900 euros chaque mois en contre partie de ses services mais qu’au final PE ne lui donnait que 275 euros. Ce dernier montant est confirmé par les enfants de la victime, présents à l’audience. «On le notait sur un cahier et on lui donnait la souche », précise le fils qui, en revanche, nie les 900 euros. «Ma mère avait une retraite de 800 euros, comment pouvait-elle payer 900 euros ? », souligne-t-il.

BP insiste : la victime lui avait demandé de se faire des virements équivalents à la différence. Un argument que le vice-procureur réfute : «la différence est de 625 euros or les relevés font apparaître des virements d’un montant total de 900 euros par mois.» La prévenue maintient tout de même ses propos.

«Comme [la victime] ne voulait pas que son fils et son mari voient ce qu’elle faisait de son argent, elle m’avait demandé de faire les virements», insiste BP qui explique avoir alors appelé la banque pour faire la démarche. «C’est une banque absolument désinvolte ! Elle accepte par téléphone d’envoyer les codes d’accès aux comptes et les relevés bancaires d’un de ses clients à une autre personne sans même vérifier l’identité de celle-ci ! », dénonce le vice-procureur. «Vous devriez changer de banque», lance-t-il au fils de la victime.

BP réalisait d’une manière générale trois virements par mois dont un d’un montant de 500 euros. Cela correspondait en fait au moment de l’allocation logement que percevait la victime pour le logement qu’elle louait à BP. En effet, la prévenue habite dans le même immeuble que PE et est sa locataire ; la CAF versait directement l’allocation au propriétaire comme cela peut se faire. A noter que BP perçoit aussi des allocations familiales à hauteur de 1 600 euros.

L’analyse des relevés bancaires a révélé en outre que BP réalisait des virements aussi sur le compte de son compagnon qui est le cousin de la victime. Pour ces faits, elle n’a en revanche pas d’explication et reconnaît son tort.

Au total, BP a prélevé en l’espace de cinq mois sur le compte de PE 10 250 euros en sa faveur et 4 900 euros en faveur de son compagnon. Les enfants qui se sont constitués partie civile aux côtés de leur père, estiment le préjudice à plus de 50 000 euros, de l’argent des indemnités d’assurance perçues après Irma, aurait aussi été détourné. Le volet de cette affaire a été renvoyé sur intérêt civil à une date ultérieure.

Le vice-procureur a requis douze mois de prison avec sursis. Après en avoir délibéré, le tribunal a prononcé une peine de douze mois de prison dont six assortis du sursis avec mise à l’épreuve comprenant l’obligation d’indemniser les victimes (enfants et époux) ainsi que l’interdiction d’une activité en lien avec des personnes handicapées durant une période de cinq ans.

Estelle Gasnet
4 commentaires

Commentaires

Tout cela est tellement fréquent à Saint Martin et de la part de personnes qui ne sont pas dans le besoin

Meme dans le besoin
Et même si une personne est dans le besoin, le vol reste un vol. Seuls les juges peuvent tempérer leur decision en diminuant la sanction mais l’acte reste reprehensible.

D'autant qu'il peut y avoir des aides de la CAF pour une tierce personne s'occupant d'une handicapée

C’est équivalent à un vol à l’arraché !
Voler une personne âgée qui a travaillé toute sa vie, de surcroît handicapée, c’est une honte. Coupez lui la main, et on verra si ça repousse.