12.12.2019

Violences conjugales : le supposé agresseur relaxé

Il était convoqué le 27 novembre devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin en comparution immédiate mais avait demandé un délai pour préparer sa défense. GG, âgé de trente et un ans, a bénéficié de deux semaines sous contrôle judiciaire. Il est revenu devant le tribunal assisté de son avocat, maître Davy Barreiro, mercredi. GG est poursuivi pour dégradation de biens, violation de domicile et violences sur son ex-compagne au domicile de celle-ci.

Tôt dimanche 24 novembre, VC appelle les gendarmes pour leur signaler qu’«il lui fait mal», qu’il est entré chez elle. Il, c’est GG. A leur arrivée, les gendarmes constatent que la porte a été forcée, que la lampe qui se trouvait derrière la fenêtre est tombée et cassée. VC explique que GG a essayé d’ouvrir la fenêtre ce qui a fait chuter l’objet. Absent des lieux, GG sera interpellé plus tard. Il a été placé en garde à vue puis en détention provisoire dans l’attente de son procès le 27 novembre.

Aux gendarmes et à la barre, il a la même version des faits. Le samedi, il est allé à une soirée à Philipsburg en compagnie de sa nouvelle copine, soirée à laquelle VC était aussi présente. Celle-ci affirme que GG lui aurait tiré les cheveux. Devant le tribunal, il nuance ses propos : il lui a mis la main dans les cheveux et précise que son ex lui aurait aussi donné une tape sur les fesses.

VC a affirmé aux gendarmes qu’elle a eu peur et qu’elle a demandé à ses amis de la raccompagner chez elle à Concordia. De son côté, GG a raccompagné sa copine à Philipsburg puis est rentré chez lui à Agrément. Et c’est à partir de là, que les versions divergent.

VC indique que GG a cassé la fenêtre à 5h15. Puis elle a appelé les gendarmes une première fois. La conversation* a été écoutée par les juges à l’audience. La jeune femme hurle, s’exprime en français et en créole pour dire qu’il est là, qu’il lui fait mal. Selon le vice-procureur, elle est «en panique». Selon l’avocat du prévenu, elle est «hystérique». Une dizaine de minutes plus tard, elle rappelle les gendarmes. La bande son est aussi écoutée à l’audience : la jeune femme est, cette fois-ci, très calme et demande si les gendarmes arrivent bientôt.

Lors de sa plaidoirie, maître Barreiro qui regrette l’absence de la victime au procès car il avait «plusieurs questions techniques» à lui poser, va s’attacher à démonter la version de la jeune femme. «Mon client a déposé sa copine à 5h à Philipsburg. Le temps d’échanger quelques mots et un baiser, il part à 5h05 pour rentrer chez lui. Même si la circulation automobile est fluide à cette heure de la journée, il faut au moins 15 minutes pour arriver à Concordia. Or, la victime affirme aux gendarmes que mon client a essayé de rentrer chez elle à 5h15. Ce n’est donc pas possible. Mon client indique qu’en arrivant chez lui, il a appelé à 5h38 en vidéo sa copine pour dire qu’il était bien rentré, cela coïncide», détaille-t-il.

GG et VC sont sortis ensemble durant quatre années et ont vécu deux ans ensemble avec la petite fille de VC, âgée aujourd’hui de neuf ans. Selon GG, VC voudrait qu’il revienne avec elle. Au lendemain de la première convocation en justice, elle l’avait appelé pour lui dire de venir chez elle. Placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre chez elle, il a refusé. La famille de VC aurait aussi appelé GG pour lui demander la même chose.

GG a déjà été condamné à trois reprises dont deux fois pour violences sur VC. Selon le parquet, mercredi, il «manipule le tribunal». Il requiert une peine de douze mois d’emprisonnement, une interdiction de séjour à proximité du lieu d’habitation de VC et un mandat de dépôt.

Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé GG.

* Tous les appels reçus par la gendarmerie sont enregistrés.

Estelle Gasnet