12.02.2020

Free s'était engagé à couvrir 75 % de la population à Saint-Martin en novembre 2018

Pourtant, l'opérateur n'est toujours pas implanté sur l'île.

L’annonce avait suscité beaucoup d’attentes : en novembre 2016, l’Arcep autorise l’opérateur Free à s’implanter aux Antilles-Guyane - y compris à Saint-Martin - dans le cadre du déploiement de la 4G. Free étant l’un des leaders dans la téléphonie mobile en pratiquant des tarifs peu élevés, nombreux sont alors ceux à espérer qu’une politique tarifaire tout aussi offensive sera menée à Saint-Martin.

Pour rappel, fin 2014 l’Arcep lance un appel à candidatures par région afin d’autoriser quatre candidats à déployer la 4G aux Antilles. A Saint-Martin, cinq opérateurs présentent un dossier : Dauphin Telecom, Orange Caraïbes, Digicel, UTS Caraïbes et Free Caraïbe. Un classement par points selon des critères précis est établi, seul les quatre premiers candidats seront retenus pour proposer la 4G en partie française de l’île. C’est ainsi qu’UTS est éliminé.

Dans le classement général, Free obtient la deuxième meilleure note (60) après Orange (72) et devant Digicel (51) et Dauphin (39). Dans les rubriques «simulation du marché» et «cohérence et crédibilité du plan d’affaires», il devance même Orange. «La trésorerie et les capacités d’autofinancement d’Orange Caraïbe et Free couvrent largement le besoin de financement de leurs projets», commente l’Arcep dans sa décision.

Le déploiement de la 4G s’accompagne de l’ouverture de deux nouvelles bandes de fréquences, 800 MHz et 2,6 GHz. La bande 800 MHz est appelée dans le milieu de la téléphonie «fréquence en or» car elle présente de nombreux avantages comme celui de mieux pénétrer à l’intérieur des bâtiments. Autrement dit c’est l’une des meilleures bandes.

A Saint-Martin, la bande est partagée en trois lots de 10 MHz chacun et n’est «attribuée qu’aux trois lauréats les mieux classés» selon le règlement de la procédure, à savoir Orange, Free et Digicel. Puis à l’intérieur de cette bande, un autre classement est établi par l’Arcep pour déterminer la position de l’opérateur ; il en est résulté que Free a obtenu la position numéro 1, Orange la position numéro 2 et Digicel la position numéro 3. En d’autres termes, Free Caraïbes a obtenu la meilleure position dans la meilleure bande pour déployer la 4G à Saint-Martin* à partir de novembre 2016.

Mais force est de constater que plus de trois ans plus tard, l’opérateur n’est toujours pas implanté. Nous avons sollicité à plusieurs reprises le service communication du groupe pour comprendre les raisons de ce retard, mais n’avons jamais obtenu de réponses.

Pourtant, en étant retenu par l’Arcep, Free s’est engagé à respecter plusieurs obligations ; l’obligation minimale étant le déploiement de services à très haut débit mobile couvrant un minimum de la population deux ans après la délivrance de l’autorisation qui a eu lieu le 22 novembre 2016.

Dans son dossier de candidature, Free s’est ainsi engagé à couvrir 75 % de la population de Saint-Martin au 22 novembre 2018, 90 % au 22 novembre 2022 et 99,5 % au 22 novembre 2026. Or, selon les données de l’Arcep, Free couvre aujourd’hui 0 % de la population.

Autre engagement pris, celui «d’avoir embauché au plus tard le 31 décembre 2019 un minimum de trois salariés à Saint-Martin et Saint-Barthélemy pour la construction, l’exploitation et la maintenance du réseau, pour la commercialisation des offres et pour toute autre fonction nécessaire à ses activité» sur les deux îles.

Bien qu’actés et écrits noir sur blanc, les engagements ne sont pas respectés. Nous avons contacté l’Arcep qui dispose depuis 2014 d’un pouvoir de sanction, pour savoir si justement des sanctions avaient été prises ou pourraient l’être, mais aucune réponse ne nous est parvenue pour l’instant.

* La bande 800 MHZ n’est pas l’unique bande pour déployer la 4G, d’autres le permettent également et ont été attribuées aux quatre opérateurs.

Estelle Gasnet