20.02.2020

Assises du social : les habitants de Marigot et Concordia se sont exprimés

La deuxième réunion publique organisée par la Collectivité dans le cadre des assises des politiques sociales et de l’insertion, s’est déroulée mercredi soir à Concordia. Le but de ces assises est «d’écrire en lien avec les habitants une nouvelle politique sociale et de l’insertion sur le territoire tout en répondant à leur problématique quartier par quartier», avait indiqué lors du lancement de l’événement, Annick Petrus, la vice-présidente en charge du Pôle solidarité familles.

Tout comme à Sandy Ground la veille, entre trente et quarante personnes se sont déplacées pour faire part de leurs doléances à la Collectivité. La première à prendre la parole a été un producteur d’eau pour dénoncer la réglementation française contraignante et la décision récente d’interdiction à produire de la préfecture à son encontre. «On en a ras le bol des lois instituées sur notre territoire», a-t-il déclaré en précisant qu’il était toujours en attente d’une réponse des autorités pour «régler le problème».

Ensuite, un éducateur et professeur d’anglais au lycée récemment arrivé sur l’île,  a soulevé le problème des jeunes scolarisés, notamment étrangers, qui n’ont pas de papier et des conséquences dans leur parcours scolaire. Il considère que les élus – quels qu’ils soient- doivent «apporter une dimension humaine» au fonctionnement de la société, «sinon on n’a besoin que d’un ordinateur qui dicte les règles. Les élus sont là pour apporter de l’humain dans la prise de décision», conçoit-il. Sofia Carti, conseillère territoriale, a confirmé que l’absence de papiers était un réel problème pour les jeunes depuis longtemps, «car sans papier ils ne peuvent passer le bac». Elle a précisé qu’elle avait créé une association, SXM Nini, dont l’une des vocations est justement d’aider les jeunes nés à Saint-Martin, à effectuer les démarches d’obtention d’une carte d’identité.

Puis une résidente de Concordia a suggéré la création de parcs pour les enfants. «Ici à Concordia, on voit des immeubles partout mais il n’y a pas d’espaces de jeux pour les enfants qui sont ainsi obligés de jouer sur les parkings», a-t-elle rapporté. Annick Petrus a pris note de la remarque et assuré que la demande d’aménager des espaces sera soumise aux bailleurs sociaux. Elle a aussi précisé que la COM avait pour projet d’aménager un parc à Sandy Ground. Sofia Carti a en outre rappelé le projet du conservatoire du littoral d’aménager pour les familles le site du Galion.

La même riveraine a aussi fait observer le problème de transport et de déplacement à la CAF, la CGSS ou même l’hôpital pour certaines personnes. Annick Petrus a confirmé que ses services s’étaient saisis du sujet, une demande similaire avait été formulée la veille à Sandy Ground.

Enfin, l’intervention la plus remarquée de la réunion est nul doute celle de Julio, un jeune qui a créé SXM Sport. Il a pris la parole en deuxième pendant plusieurs minutes afin de dénoncer plusieurs faits comme le manque de solidarité et/ou de considération des uns des autres. «Celui qui est bien ne regarde pas celui qui est en bas, celui qui ne va pas bien et ne va pas l’aider. (…) On dit qu’un jeune est encore mort [à scooter] comme on dit qu’un chien est mort. (…) Au lieu de se battre pour des terrains, on doit se battre pour les enfants », estime ce jeune qui pense que le sport peut être l’un des remèdes aux maux de la jeunesse. «Il faut aider la population via le sport. (…) Il faut regarder le problème du sport pour arranger l’île de Saint-Martin», a-t-il insisté. Il a aussi dénoncé la discrimination dont souffrent certains jeunes. «Moi, ma mère est de Saint-Domingue, mon père est de Saint-Martin… C’est pas moi qui ai envahi ma maman, si j’ai une maman espagnole qu’est-ce que je peux y faire ? Tout le monde a des parents différents, les gens disent qu’ils sont saint-martinois mais notre arrière, arrière-arrière grand-père, il vient d’où ? C’est ça le problème qu’il faut regarder, on discrimine trop à Saint-Martin et c’est un grave problème», a-t-il souhaité faire comprendre. Tout comme un autre jeune la veille, il a demandé la présence d’animateurs pour les jeunes dans les quartiers.

Les élus et la directrice générale adjointe du Pôle Solidarité Famille ont pris note des suggestions qui seront compilées avec les doléances des habitants des autres quartiers dans un rapport qui aboutira à un livre blanc et la mise en place d’actions.

Calendrier des réunions publiques dans les quartiers

- Jeudi 20 février à 18h : Réunion publique à Grand Case (terrain de football)

- Vendredi 21 février à 18h : Réunion publique à Quarter d’Orléans (plateau sportif)

 

Extrait de l'intervention de Lolo

Intervention de Julio dit Lolo aux Assises du social

Estelle Gasnet