17.06.2020

Saison cyclonique : «les différents éléments d’analyse pointent vers des scénarios contradictoires »

Arthur, le premier cyclone de cette saison 2020 dans l’Atlantique Nord est né le 16 mai. Soit quinze jours avant le début officiel de la saison. Cela confirme-t-il les prévisions de certains scientifiques selon lesquelles cette saison serait «extrêmement active» ? Non répond Météo France. «Ce n’est pas rare de voir un cyclone un peu hybride, c’est-à-dire non engendré directement par une onde tropicale, naître à cette période. C’est déjà arrivé six fois dans les dix dernières années et cela ne préfigure en rien une activité cyclonique précoce ou intense sur nos territoires Antillais», explique le service officiel de la météorologie et de la climatologie en France.

Dans un communiqué daté du 18 mai, Météo France présentait l’activité cyclonique 2020 «proche de la normale des années 1981-2010 avec cependant une possibilité de saison plus active à surveiller dans la lignée des moyennes des 10 et 20 dernières années (2010-2019 et 2000-2019)». Dans un second communiqué actualisé le 8 juin avec les dernières prévisions, Météo France parle d’une «activité cyclonique 2020 supérieure à la normale des années 1981-2010».

Sont prévus 16 cyclones 5+/- 3) nommés dont 7- 8 ouragans (+/- 2). A titre comparatif, «la moyenne des 20 dernières années était de 15 cyclones nommés et 7 ouragans», souligne Météo France. En 2014, il y a seulement eu 8 cyclones nommés et 27 en 2005.

Les prévisionnistes encore incertains

A la mi juin cette année, les prévisionnistes au niveau mondial sont toutefois encore indécis sur la possibilité d’un scenario La Nina (donc favorable à une saison active) ou neutre. «Environ 50 % des prévisions des modèles dynamiques et statistiques disponibles, basées sur les conditions observées au milieu du printemps, prévoient que ces conditions neutres continueront durant la saison cyclonique 2020 et en particulier durant le pic de la saison d’août à octobre, 30 % prévoient une phase La Niña et 20 % une phase El Niño », rapporte Météo France qui «revoit désormais à la baisse la probabilité d’un La Niña».

Depuis plusieurs mois, des anomalies froides des températures superficielles aux latitudes moyennes, ainsi que des anomalies chaudes du Gulf Stream le long de la cote Est des Etats-Unis, dans le Golfe du Mexique et dans une moindre mesure sur la plupart des latitudes subtropicales et tropicales, sont observées. «On observe cependant une régression des anomalies chaudes dans le Nord de l’Atlantique tropical depuis le mois dernier», précise Météo France qui précise «que ces conditions chaudes s’expliquent largement par un réchauffement généralisé depuis le milieu des années 1990 plutôt que par une anomalie spécifique à cette année ».

A ce stade de la saison cyclonique, le centre européen (ECMWF) de prévision mise sur une activité cyclonique globalement proche de la moyenne sur l'Atlantique tropical, accrue sur la côte Est des Etats-Unis et réduite dans le centre du bassin. Quant aux autres centres, ils n’ont pas encore à la mi juin, actualisé leurs prévisions en fonction des dernières observations.

«Les différents éléments d’analyse dont nous disposons pointent vers des scénarios contradictoires et donc une confiance réduite concernant l’activité cyclonique 2020 », résume Météo France.

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Estelle Gasnet