20.11.2020

Deux hommes accusés d'avoir aidé au transfert de personnes clandestines

Dimanche dernier, VS conduit huit personnes de la partie hollandaise sur la plage de l’Anse des Pères en partie française, où se trouve aussi SH. Ce dernier fait des signaux avec une lampe à un bateau.

Les huit personnes dont trois enfants et originaires notamment d’Albanie, Venezuela et d’Inde, sont arrivées sur l’île via l’aéroport Juliana et sont clandestines. Elles doivent regagner les îles vierges. Elles sont les victimes d’un trafic d’être humains, qui fait l’objet d’une enquête par la police de Sint Maarten. Celle-ci a pris contact avec ses homologues de la partie française.

La plage de l’Anse des Pères a ainsi été mise sous surveillance par les agents de la police aux frontières (PAF) qui ont interpellé en flagrant délit VS et SH dimanche. Les deux individus ont été placés en garde à vue puis en détention provisoire avant d’être présentés devant le tribunal de proximité de Saint-Martin mercredi matin. VS et SH sont poursuivis pour aide à l’entrée, à la circulation ou au séjour irrégulier d’étranger en France.

VS est un ressortissant d’Haïti âgé de 31 ans. Il est arrivé sur l’île en 2008 mais n’a jamais eu de titre de séjour. Récemment il a déposé une demande auprès de la préfecture qui a déjà émis plusieurs ordres d’expulsion du territoire à son encontre. Il a habité chez sa mère – titulaire d’une carte de séjour – et vit désormais avec sa compagne avec laquelle il a un enfant de 10 mois. Il a travaillé pendant six ans dans un restaurant en partie française sans être déclaré. Depuis une semaine, il est agent de sécurité – toujours sans être déclaré – dans un autre restaurant en partie française. Il a justifié avoir accepté de conduire les personnes clandestines pour «gagner de l’argent», en l’occurrence 400 euros.

SH, 56 ans, est originaire de République dominicaine. Il est domicilié en partie hollandaise avec sa compagne et est titulaire d’une carte de résident à St Maarten. Il a confié ne plus travailler depuis le début de la crise sanitaire. Ce serait lui qui aurait contacté VS pour le transfert en voiture. Il a déjà été impliqué dans une affaire de trafic d’être humains en 2016 mais a été blanchi faute de preuve.

Comme la loi le leur permet, les deux individus ont demandé un délai pour préparer leur défense et n’ont pas accepté d’être jugés en comparution immédiate. Le délai leur a été accordé de droit ; leur procès est renvoyé au 4 décembre à Saint-Martin.

Le tribunal a dû néanmoins statuer sur leur situation judiciaire. Le procureur a demandé leur maintien en détention provisoire afin d’être sûr qu’ils se représentent devant la justice. Après en avoir délibéré, le tribunal a choisi de placer VS et SH sous contrôle judiciaire. Les deux hommes doivent pointer tous les jours à la police aux frontière et fixer leur résidence en partie française jusqu’au 4 décembre. Ils ont aussi dû remettre leur passeport à la PAF.

Le parquet a également précisé qu’une enquête pour travail dissimulé allait être diligentée au restaurant qui employait VS.

Estelle Gasnet