22.04.2022

Un ancien snipper se confie à un ancien commandant de police de Saint-Martin

Entretien avec Pascal Drampe, ancien commandant de police et chef de la Saint-Martin et auteur du livre L'enveloppe jaune.

L'enveloppe jaune, votre sixième livre vient de sortir. Ce n’est pas une fiction mais le témoignage d’un sniper recruté par les puissances mondiales pour tuer. Pourquoi vous-a-t-il choisi pour raconter son histoire ?

Nos routes se sont croisées au milieu des années 2000 à l’occasion du démantèlement d’un réseau de trafic international automobile, alors que j’exerçais en qualité de capitaine de police au sein de la Sûreté départementale des Alpes-Maritimes. A l’époque, pour les raisons que vous pourrez découvrir dans cet ouvrage, des services de police parisiens m’ont demandé de l’élargir, comme l’on dit dans le jargon policier. Je pense que J.M., que je ne désespère pas de faire sortir de l’anonymat pour étayer ses propos, a particulièrement apprécié ma loyauté et, pour cette raison, m’a demandé d’écrire son histoire hors du commun.

Pourquoi avez-vous accepté de raconter ses missions ? Avez-vous pu vérifier ses propos ?

J’avoue que j’ai longtemps hésité car il m’était impossible de vérifier la totalité des dires de J.M., notamment dans le domaine de ses opérations extérieures secrètes en qualité de sniper. Pour autant, il m’était aisé de valider ses récits en ce qui concerne le volet police car je connaissais la plupart des affaires judiciaires dans lesquelles il était soit infiltré, soit bandit de haut rang. J’ai passé cinq jours et quatre nuits avec lui, retranché au nord de l’Italie, après 13 ans de cavale, puis, avant la rédaction de l’épilogue, j’ai pris la décision de publier ce témoignage pour faire savoir les dessous de certaines affaires judiciaires et des théâtres de guerre, d’autant que fin février 2022 u groupe paramilitaire russe lui demandait de reprendre du service en Ukraine.

Vous avez récemment publié le quatrième tome de la série Blanco dont l’intrigue est le trafic de cannabis. Pourquoi avez-vous choisi ce thème ?

Comme déjà évoqué avec vous, je me suis toujours refusé, au cours de ma carrière, de traiter les trafics de stups, en matière principale. Mon modus operandi, parfois si différent des codes conventionnels, aurait fait les affaires de mes coriaces détracteurs. Néanmoins, je puis dire que je maitrise suffisamment bien le sujet, notamment du fait que mes « agents de renseignements » étaient rémunérés légalement, via cette voie, par mes contacts du service des douanes. Le cannabis alimente souvent les discussions, c’était pour moi l’occasion de traiter du sujet et être force de proposition, sans pouvoir, ici, vous en donner les raisons, au risque de dévoiler le contenu du polar. Je dirais juste que l’impact sanitaire et financier mérite d’être développé.

L’agriculteur creusois qui intervient dans l’histoire, estime que le message que vous souhaitez faire passer est «d’autant plus fort que vous êtes un ancien commandant de police». Êtes-vous surpris de ce ressenti ?

Non, pas vraiment, car les premiers retours des lecteurs vont dans la même sens. Il serait dommage qu’après plus de trente ans de carrière, je ne sache pas de quoi je parle et, à mon humble avis, savoir ce qui serait souhaitable de faire pour remédier à un fléau construit de toute pièce par les états moralisateurs, comme vous avez pu le découvrir dans ce polar alliant réalité et fiction.

Pensez-vous que des territoires comme les nôtres dans la Caraïbe, pourraient également mener des cultures expérimentales ? 

C’est aux professionnels de l’agriculture et de l’environnement de se prononcer sur la faisabilité ou pas de la culture du chanvre dans les caraïbes, mais il semble que le climat serait propice au développement de cette activité, notamment en ce qui concerne certaines espèces de chanvre qui nécessitent peu d’eau pour leur développement. Il ne faut surtout prendre exemple sur des cultures de chanvre hybride qui sont loin de respecter les standards de la protection de l’environnement. Notre planète est suffisamment souffrante ainsi.

A la sortie de Blanco 3 en août dernier, vous nous confiiez que vous étiez en train de travailler sur des projets audiovisuels à Paris. Ont-ils avancé ?

Oui, doucement mais sûrement, mais je préfère rester discret sur ces projets pour ne pas me porter la poisse. Je dirais juste que mon réalisateur et moi-même sommes très enthousiastes quant à l’avenir.

Estelle Gasnet