27.05.2023

Frontière à Oyster Pond : l'accord officiel enfin signé

C’est officiel, après des années de discussions et de négociations diplomatiques pour favoriser la coopération entre Saint-Martin et Sint Maarten, un accord marquant la frontière commune entre la République Française et le Royaume des Pays-Bas a été conclu, il concerne la délimitation de la frontière à Oyster Pond. Les deux parties de ce territoire étaient partagées par un tracé de frontière qu'il a été jugé utile de revoir afin de coller aux contraintes imposées par l'occupation du sol tant en partie française qu'en partie hollandaise.

Pour rappel, cette frontière à Oyster Pond a longtemps été débattue, en raison de l’imprécision de la localisation officielle de ce tracé par le traité signé de Concordia en 1648 entre le France et les Pays-Bas .

L’accord entre les deux États, a été signé lors d’une cérémonie officielle vendredi 26 mai au monument de la frontière de Belle Plaine à Quartier d’Orléans. Une signature qui préserve le principe de libre circulation des biens et des personnes inscrits dans les accords de Concordia du 23 mars 1648. Cela marque la fin de 375 ans « d’ambiguïté ».

La cérémonie s’est déroulée sous un brin d’une nouvelle ère sur le chant de la marseillaise jouée au steel band. Ils sont venus nombreux assister à ce moment « historique » , les acteurs publics, politiques, culturels français et néerlandais. Un moment de plus et commun pour ces deux territoires par cette nouvelle entente. Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer a fait le déplacement sur l’île, accompagné de Jean-François Carenco, ministre délégué des outre-mer. Cet acte officiel vise à exprimer la volonté de l'État français de mettre en oeuvre ce développement économique. 

Gérald Darmanin a signé le traité au nom de la République Française et Silveria Jacobs, Première ministre de Sint Maarten, au nom du Royaume des Pays-Bas. La cérémonie officielle de signature a eu lieu en présence des hauts fonctionnaires de l’État français, le préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort et le préfet délégué des îles du nord, Vincent Berton, du  président de la collectivité, Louis Mussington ainsi que les membres du gouvernement de la partie hollandaise.

L’entente a démontré un dialogue constructif entre les deux nations, créant un précédent pour de futures collaborations, comme l’a assuré Louis Mussington. « Le Traité de Concordia a établi un partage de l'île de Saint-Martin entre la France et Les Pays-Bas pour donner naissance à cette réalité qui nous est chère et qui est à l'origine de ce qui a fait notre particularité au sein de l'arc Caraïbe », débute Louis Mussington lors de son allocution.

«Nous ne sommes pas différents seulement dans le bassin de la Grande Caraïbe, mais nous avons, depuis le 23 mars 1648, été une particularité à travers le monde qui, aujourd'hui encore, reste étrange », complète-t-il.

«Cette question de frontière et l'amitié qui lie les deux parties de l’île m'ont souvent poussé à dire que nous sommes, quoi qu'on en dise et quoi qu'on en pense, l'Europe avant l’Europe », affirme-t-il. «Nous avons depuis 1648 franchi tant d'étapes. Nous avons appris à regarder nos histoires en face », déclare-t-il avec fierté. Selon, Gérald Darmanin, bien que l’île de Saint-Martin soit géographiquement éloignée de la France «on voit qu’ici l’Europe était avant la métropole, la France continentale et il suffit de venir sur l’île pour s’en rendre compte».

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer se dit heureux que cet accord ait été signé après un «partage pacifique de la frontière ». Il formule le voeu que celui-ci sera le nouveau jalon de l’amitié confondue et la solidarité des deux territoires, chargée d’histoire.

Pour la Première ministre de Sint Maarten, c’est une entente bénéfique qui a été conclue, démontrant « (notre) détermination à régler les différends par des moyens pacifiques à la recherche d’une paix collective pour nos peuples », convient-elle.

Avant la cérémonie, Gérald Darmanin s’est rendu à l’hôtel de la Collectivité de Saint-Martin où il s’est entretenu avec le président de la collectivité et son équipe. Il s'agissait d'évoquer les dossiers importants de l’île. Notamment, la reconstruction post-Irma,  « je pense au futur centre administratif et judiciaire, les futurs collèges etc. L’État a alloué de gros financements pour le territoire et je pense qu’il faut sans doute continuer », convient le ministre de l’intérieur et des outre-mer.

L’eau, qui est actuellement l’un des sujets les plus prégnants du territoire, a également été abordée. Il a déclaré qu’il travaillait avec le président de la collectivité à ce sujet afin de valider la distribution d’eau de la partie hollandaise sur la partie française en cas de crise.

Il a aussi été mentionné l’implantation du RSMA sur Saint-Martin, l’accès à la sécurité pour toutes et tous etc. « Le président de la collectivité voudrait implanter une prison sur l’île. Nous lui avons dit que nous étions favorables à étudier ce point avec le ministre des gardes de sceaux pour un terrain », poursuit Gérald Darmanin.

Ce qui est important dans cette nouvelle délimitation de la frontière, « la plus vieille frontière de France que (nous) délimitons aujourd’hui », rappelle-t-il,  « c’est la possibilité du processus de la reconstruction de Saint-Martin. Cela permettra la relance économique de cette partie de l’île, donc des investissements pour les deux côtés de l’île, notamment pour la marina Capitaine Oliver », explique-t-il. « Cette frontière numérique sera localisée sur des données GPS, accessibles au public, où nous saurons lorsque nous sommes du côté français ou du côté néerlandais », indique le ministre.

Concrètement, l’entente signée ce vendredi après-midi entre Gérald Darmanin et Silveria Jacobs prévoit que la frontière traverse désormais le milieu de l'étang et donne ainsi une part égale de l'eau aux deux côtés. En ce sens, elle permet de clarifier la séparation à Oyster Pond, sur la côte est de l’île, établissant les droits des deux parties sur la marina du Capitaine Oliver.

 

Siya TOURE