04.06.2018

Reconstruction des écoles : "avoir quelqu’un sur le terrain qui représente l’Education nationale"

Le recteur de Guadeloupe a installé Christian Climent-Pons dans ses fonctions à Saint-Martin vendredi 1er juin.

Comme l’avait annoncé le recteur de l’académie de Guadeloupe, Mostafa Fourar, lors de ses précédentes visites, un directeur de projet a été recruté par l’éducation nationale. Sa mission consiste à accompagner la Collectivité dans la restructuration et la reconstruction des écoles et des établissements de Saint-Martin dont la COM a la  compétence et pour laquelle l’Etat a accordé une aide de 15 millions d’euros.

« Ce recrutement est une décision prise par le ministre de l’éducation nationale lors de sa venue, après avoir mesuré l’ampleur des dégâts causés par l’ouragan Irma. Il a souhaité avoir, pour une durée de trois ans, quelqu’un sur le terrain qui représente l’Education nationale à un haut niveau sur le plan technique, pour accompagner la collectivité » a déclaré le recteur lors d’une conférence de presse vendredi 1er juin.

Mostafa Fourar a profité de son quatrième déplacement à Saint-Martin pour installer celui qu’il désigne comme « l’oiseau rare », Christian Climent-Pons, dans ses fonctions de directeur de projet, chargé de la reconstruction du système éducatif de Saint-Martin. Ce dernier exerçait jusque-là, la profession de secrétaire général du vice-rectorat de Polynésie. « J’ai géré la dotation globale d’investissement immobilier qui a représenté en gros une vingtaine de millions d’euros sur les presque cinq ans qui viennent de s’écouler » avance-t-il afin d’expliquer pourquoi le recteur l’a choisi.

Il ajoute avoir participé à la création de collèges, d’internats, et à la restructuration de collèges, lycées, lycées professionnels. « Des différentes phases de travaux de l’aménagement des ateliers par exemple à la construction d’un établissement tout neuf » précise-t-il. « J’ai un profil de technicien fonctionnaire de l’Etat. J’ai géré les finances au ministère de l’intérieur, à la direction de l’administration pénitentiaire, au ministère de la justice.  Ma spécialité c’est plutôt ça : finances publiques, marché public et investissement de l’Etat. ».

Depuis son arrivée à Saint-Martin le 16 mai dernier, il a déjà commencé à travailler et se familiariser avec le terrain et prendre contact avec les uns et les autres. « Le chantier est vaste. J’ai vu les images comme tout le monde. Je trouve que par rapport à ce j’ai vu il y a quelques mois et aujourd’hui, de gros efforts ont été faits notamment sur le bâti scolaire du premier degré. Alors c’est vrai que pour les familles ce n’est jamais assez, ça ne va jamais assez vite. Sauf que pour la Collectivité le défi est immense parce qu’Irma a dévasté partout. La Collectivité a la compétence immobilière sur les deux degrés de l’éducation. Je trouve que ça va beaucoup mieux de manière générale cela étant dit il y a des immeubles à remettre à flot de manière tout à fait claire, au delà des sujets qui portent aussi sur la carte des formations  (équipements du lycée pro…) et qui supposent des investissements particuliers.

« Mes chantiers prioritaires seront les chantiers prioritaires de Saint-Martin puisque la Collectivité a la compétence sur le sujet. » a avancé Christian Climent-Pons. Et d’ajouter : « Les services techniques de la COM sont sollicités pour tout y compris le logement qui pose de grosses difficultés. On travaille le plus possible du point de vue technique sur la partie scolaire afin de libérer une partie des énergies de la collectivité, et la renforcer sur l’exercice de cette compétence, compte tenu du fait que cela touche à la vie des familles et que le système éducatif doit fonctionner quoi qu’il arrive ».

Un cahier des charges va être établi avec la Collectivité pour définir très clairement les différents travaux avec un calendrier et des priorités. « Le chantier est énorme, mais on ne peut pas s’attaquer à tout. La principale priorité pour nous c’est d’assurer une rentrée scolaire pour tous les enfants de Saint-Martin : dans les écoles, les collèges et les lycées. » a assuré le recteur.

A trois mois de la rentrée, des rotations sont toujours effectuées à l’école Aline Hanson de Sandy Ground, tandis qu’à Grand Case tous les élèves ont repris le même rythme depuis la rentrée des vacances de Pâques.

Accompagné du directeur de projet, mais aussi de Jean-Michel Alfandari, Inspecteur Général de l'Administration de l'Education nationale et de la Recherche (IGAENR), référent outre-mer auprès du ministère de l’Education nationale, le recteur a visité une école maternelle et rencontré la communauté éducative pour faire le point sur les conditions de travail. Ils se sont également entretenus avec les élus de la COM en charge de l’éducation. « Nous avons eu la garantie que les travaux seront menés cet été pour mener une rentrée sans rotation » a annoncé Mostafa Fourar.

L’autre sujet majeur de cette prochaine rentrée est l’installation de préfabriqués à la cité scolaire pour supprimer les rotations. Toutes les salles de classe ont été réhabilitées à mais cela ne suffit pas pour accueillir les élèves et enseignants du collège Soualiga qui y sont délocalisés depuis qu’Irma a détruit l’établissement de Cul de Sac. Comme l’a rappelé Michel Sanz, l’IA-DAASEN des îles du Nord, les prévisions d’effectifs sont difficiles cette année et donc calculées sur la base de la rentrée scolaire 2017 : « Dans le premier degré on s’attend à un retour par rapport à la rentrée 2017 de 85% des effectifs, et plus important dans le second degré. On est à 85% pour l’instant et s’attend à 90% voir 95%, notamment au lycée. Depuis janvier, les effectifs ne cessent d’augmenter. Il n’y a aucun mouvement qui nous indique des départs massifs pour le moment ». A la rentrée, la cité scolaire devrait compter environ 700 collégiens (dont Soualiga) et 800 lycéens. La construction d’un nouvel établissement est nécessaire, mais cela prend en moyenne trois ans. En attendant, il faut des solutions provisoires. « La Collectivité a commandé les Algeco qui vont être installés cet été » a rapporté le recteur qui considère que la mission de M. Climent-Pons va au-delà de ces points de vigilance pour la rentrée : « c’est un chantier de longue haleine ». Le directeur de projet devra également travailler à la restructuration du service de l’éducation.

Légende photo : (de gauche à droite) Christian Climent-Pons, Mostafa Fourar, Jean-Michel Alfandari

 

Fanny Fontan