15.09.2023

À l’écoute des cétacés de Saint-Martin

Jusqu’en 2022, un hydrophone - un tube enregistreur destiné à capter les sons émis par les cétacés - était installé à quelques mètres de profondeur entre l’îlet Tintamare à Saint-Martin et Scrub Island à Anguille. Depuis 2020, celui-ci captait à la fois les sons émis par les cétacés ainsi que les bruits sous-marins d’origine humaine, dans le cadre de l’observatoire acoustique du projet Interreg Caraïbe CARI’MAM, porté par le Sanctuaire Agoa en partenariat avec de nombreux acteurs dont l’association de gestion de la Réserve Naturelle Nationale de Saint-Martin.

Des sons qui en disent beaucoup

Aire marine protégée dédiée à la protection des mammifères marins des Antilles françaises, le sanctuaire Agoa a notamment pour mission d’améliorer la connaissance des espèces qui y vivent. C’est dans ce cadre qu’a été mis en place un observatoire acoustique dans les eaux caribéennes, pour à la fois collecter des données sur les populations et la répartition des animaux, pour évaluer la pollution acoustique sous-marine ainsi que pour contribuer à la recherche sur les moyens de communication des cétacés. Les bandes sons collectées par ce réseau d’hydrophones sont récupérées et expédiées à l’université de Toulon, chargée de les analyser.

Comment les cétacés communiquent-ils ?

L’écoute passive des milieux marins par hydrophone a permis d’identifier les différents moyens de communication utilisés par les deux grandes familles de cétacés -les odontocètes et les mysticètes- et les espèces elles-mêmes. Les odontocètes ou cétacés à dents communiquent par des clics, des grognements, des grincements, des sifflements. Les dauphins ont notamment un sifflement signature qui leur permet de s’interpeller, un nom en quelque sorte. Les cachalots, eux-aussi des odontocètes, communiquent par des codas, des séries de clics propres à chaque clan de cachalots. Les baleines, qui sont des mysticètes, émettent elles des chants, que l’on entend particulièrement en période de reproduction. Ce sont alors les mâles qui rivaliseraient de créativité pour charmer les femelles.

Quel est l’impact de la pollution acoustique ?

Travaux sous-marins, trafic maritime, activités nautiques : les sources de pollution acoustique sont nombreuses en mer. Selon les fréquences auxquelles ils communiquent, les cétacés peuvent être plus ou moins impactés par ce bruit sous-marin. Et cela n’est pas sans risque.

La pollution acoustique peut brouiller la communication entre les individus, en masquant les sons émis pour se signaler, alerter et échanger de façon générale. Ce sont donc leurs comportements et leurs activités vitales, telles que la recherche de nourriture, qui peuvent s’en trouver perturbés. Une étude récente a démontré qu’une perturbation acoustique trop importante pousse les dauphins à « crier » pour interagir*. Le son crée par ailleurs des lésions auditives, qui peuvent s’avérer irréversibles et conduire à la mort suite à des hémorragies ou un échouage dû à la difficulté à se repérer et la perte du groupe.

Pour contribuer à protéger les cétacés des Antilles françaises, limitez les émissions sonores en mer en réduisant votre vitesse et en évitant les changements brusques de régime moteur.

Pour rappel, hors professionnels spécifiquement formés et autorisés*, l’approche volontaire des mammifères marins à moins de 300 mètres est strictement interdite au sein du sanctuaire Agoa pour tous les usagers de la mer, y compris dans les eaux de la Réserve. Les contrevenants s’exposent à des sanctions et amendes, doublées au sein de la Réserve en cas d’atteinte aux espèces protégées.

* Cinq professionnels de l’observation des cétacés à Saint-Martin sont formés et autorisés à s’approcher jusqu’à 100 mètres des cétacés. À retrouver sur la page https://sanctuaire-agoa.fr/editorial/trouvez-un-professionnel-du-whale-watching-forme

Crédit texte : Agoa.

Crédit photos : office français de la biodiversité et Magali Combes / Office français de la biodiversité

Anonyme