07.02.2024

Des constructions bio-environnementales pour le système éducatif de Saint-Martin

Dans le cadre de la reconstruction du système éducatif à Saint-Martin suite au passage de l’ouragan Irma, la réflexion a été portée sur des constructions bio-environnementales afin de suivre la transition énergique. 

Les collèges 600 à Quartier d’Orléans et 900 à La Savane sont inscrits dans cette construction durable de telle sorte que « l’empreinte carbone  de l’Éducation nationale soit la plus faible possible », confie Christian Climent-Pons, en charge de la reconstruction du secteur éducatif à Saint-Martin lors de la conférence de presse organisée par la préfecture vendredi dernier.

Cela s’est traduit par la mise en œuvre de trois dispositifs. Le premier concerne la création de citerne d’eau afin de récupérer les eaux pluviales pour l’entretien des parcs et jardins. L’idée est d’entretenir une végétation qui puisse ombrager les murs afin de faire diminuer la chaleur dans les bâtiments. 

« Les murs qui constituent les salles de classe des collèges ne sont jamais en accès direct avec la lumière du soleil. Nous avons également étudié le positionnement des bâtiments afin qu’ils soient systématiquement dans les alizés les plus passants ce qui fait qu’avec la ventilation naturelle, cela fait baisser la température de 5 à 7 degrés », expliquait Christian Climent-Pons. Autrement dit, lorsqu’il fera 35 degrés à l’extérieur, entre 25 et  27 sera affiché dans les salles de classe et sans climatisation. « Ce qui est énorme », considère-t-il. 

De plus, des brasseurs d’air sont installés pour compenser l’absence d’alizés au cas où, mais aussi la climatisation. « On sait que les conditions de vie des élèves en classe influent aussi leur capacité à l’apprentissage scolaire. Selon nous, la climatisation sera utilisée trois mois par an », complète-t-il. 

Second point, la production d’énergie photovoltaïque dont bénéficient les deux collèges. « Nous avons les tous nouveaux [panneaux photovoltaïques] et ils sont quasiment intégrés à la toiture afin qu’il n’y ait pas de prise au vent, comme il a pu se passer avec Irma. Les études sont faites pour que ça tienne au-delà de 350 km/h », indique le directeur de la construction de l’Éducation nationale. De ce fait, la consommation complète du collège est indépendante de manière énergétique y compris quand 70% de la climatisation tournent simultanément. 

Le troisième dispositif concerne la favorisation de la protection des sols. L’objectif est de limiter le ruissellement et les inondations en bas du collège par rapport à la géographie du site. « Nous avons étudié tous les dispositifs qui permettent avec une pompe complémentaire d’aller récupérer de l’eau dans les nappes phréatiques, et qui se recharge afin d’entretenir seulement les parcs et jardins », précise-t-il. 

Autre sujet pour l’Éducation nationale, la production d’électricité pendant les vacances scolaires puisque ces deux collèges vont s’inscrire dans le cadre de la politique de la ville. Ils seront ouverts aux jeunes saint-martinois qui ne partent pas en vacances afin qu’ils profitent de stages ou autre avec des équipements multimédias, sportifs, culturels etc. Pour cela, l’énergie produite par les panneaux solaires pendant les vacances et les week-ends sera « réinjectée » dans le réseau de l'établissement. « Nous n’avons pas choisi de le revendre à EDF puisque nous souhaitons laisser le collège en autonomie et éduquer les enfants dans le respect de la transition bio-environnementale», estime Christian Climent-Pons. 

Ce même dispositif est prévu pour la reconstruction de la médiathèque qui devrait reprendre prochainement. Cependant, sur ce chantier, la question de l’autonomie est tout autre puisque dès le départ, le bâtiment n’a pas été conçu dans une optique énergétique. « Nous allons donc trouver un système afin de limiter l’impact du soleil. Comme les fondations existent déjà, nous ne pouvons pas rajouter un poids qui fait qu’elles s’effondreraient au motif de la rendre bio-environnementale, mais nous tendons là-dessus », poursuit-il. 

En outre, dans la continuité de l’importance de tendre vers une éducation énergétique « grâce à un tissu partenarial, nous allons bientôt cibler des classes spécifiques pour travailler sur l’héritage précieux de nos ancêtres que sont les puits », annonce Évelyne Fleming, chargée de mission auprès du vice-recteur. « Ces puits qui jouent un rôle important lors des moments de sécheresse comme par le passé. Il s’agira pour les élèves de les cartographier et de voir à travers nos partenaires, s’ils sont toujours viables », complète-t-elle. 

Plusieurs mesures bio-environnementales se mettent en place depuis Irma, la préfecture et la Collectivité se disent bien impliquées sur ces questions. «Nous voyons bien qu’au niveau des responsables publics la prise de conscience est là. Maintenant, il faut que ça infuse auprès de la population puisque tout le monde produit du carbone, et si l’effort n’est pas collectif, nous n’y arriverons pas », souligne Vincent Berton, préfet délégué de Saint-Martin. 

Siya TOURE