03.04.2024

Anthony Ashford souhaite revitaliser la nature sur l'île avec Lili's Tropical Garden

Non loin de la circulation bruyante, à Cripple Gate, se trouve une plantation de 5 000 m2 en pleine nature sous le calme des chants des coqs et des poules. Un espace familial où Anthony Ashford, natif de Saint-Martin s’est lancé dans la création de son association, Lili’s Tropical Garden en hommage à son héritage familial. Sa mission est de transmettre sa passion pour l’environnement et de revitaliser la nature de l’île avec ses nombreux avantages. 

Après un baccalauréat scientifique, Anthony Ashford poursuit ses études en Guadeloupe puis en France où il obtient un BTS de bioanalyse et contrôle. Dès lors, ce dernier vise à promouvoir la culture agricole à travers la technologie biologique, en créant un centre de connaissances autour de la nature, la flore et ses vertus existantes. 

L'association Lili’s Tropical Garden est née de la découverte d’autres cultures par Anthony au cours de ses multiples voyages. Ce faisant, il a pu observer que tous ces pays entretiennent des liens écologiques, « ce qui n’est pas tant le cas de Saint-Martin », reconnaît-il. « Qu’il s’agisse d’espaces verts, ou autres, c’est un manque sur le territoire dans lequel il faut investir», considère-t-il. « Nous sommes dans les Antilles et nous avons divers végétaux et la plupart sont utilisés dans l’industrie pharmaceutique. Nous avons une base sur le territoire, pourquoi ne pas l’utiliser ?», interroge-t-il. 

C’est pour cette raison qu’en 2014, ce dernier a décidé de revenir à Saint-Martin. « Irma nous a montré que nous avons tout perdu de nos ancêtres », regrette-t-il. « Plus que jamais aujourd’hui avec les problématiques écologiques que nous connaissons, nous devons produire sur notre territoire. Nous devons préserver nos espèces et favoriser la plantation », affirme-t-il. 

Son ambition est de sensibiliser le plus grand nombre sur pourquoi il faut planter, pourquoi ces plantes sont utilisées pour telles maladies, tels besoins, leurs bienfaits, comment les reconnaître, etc. « Il s’agit d’éclairer, d’éduquer et de comprendre dans le but de valoriser l’écologie sur l’île », explique-t-il. Pour ce faire, Anthony souhaite associer la permaculture au jardin créole. La permaculture rassemble plusieurs plantes dans un même espace avec des moyens naturels sans produits chimiques. Le jardin créole s’appuie sur les produits locaux. 

Durant les cinq premières années d’exploitation, Anthony a réalisé un travail de dépollution sur le terrain afin d’améliorer le sol, qui a permis progressivement la plantation des premières plantes. Désormais, ce jardin qui s’est transformé en une forêt nourricière, propose diverses variétés d’espèces végétales (framboisiers, basilic, herbes de café locale, arbres fruitiers, etc.). 

« Lorsqu’on rentre dans le jardin, tout est comestible », assure-t-il. « Tout pousse à Saint-Martin, nous avons une diversité de sol, notamment ici dans le secteur où nous sommes, qui est une terre agricole. Les plantes sont les êtres les plus parfaits, il suffit de leur donner de l’amour, d’en prendre soin et surtout de leur parler », avoue-t-il d’un ton rieur. Aujourd’hui, en parallèle de son métier de brigadier de l’environnement, Anthony se présente à son jardin dès qu’il en a le temps, accompagné de plusieurs bénévoles « migrateurs voyageurs ».  

L’association prévoit d’accueillir le public dès le mois prochain dans la plantation qui est divisée en trois parties. La première se trouve à l’entrée du terrain, elle sera dédiée à la partie conviviale où les gens pourront pique-niquer, et auront un apprentissage des plantes lors de visites guidées du jardin. Puis viendra la partie culture, potager. L’association souhaite aussi une partie nurserie et un espace vivant où les animaux puissent se déplacer librement. Pour la dernière partie, Anthony, en tant que biologiste, a l’intention de créer son laboratoire de recherche pour analyser les terres, les plantes, les fruits, etc. L’idée est de «travailler en cohésion avec les différents agriculteurs de l’île et tous ceux du domaine de la nature », convient-il.

En complément de ces différents projets, Lili’s Tropical Garden travaille actuellement avec une entreprise privée pour construire des écolodges près de la plantation, afin de la rendre plus accessible aux personnes désireuses d’être au cœur de la nature pour en apprendre ses secrets. Les travaux devraient se terminer courant de ce mois. Enfin, « créer un endroit familial où les gens se sentent chez soi », telle est la volonté de Lili’s Tropical Garden.

Siya TOURE