23.04.2024

Du billet à la cryptomonnaie : quels sont les moyens de paiements de demain?

Une grande partie du monde économique du territoire était présent vendredi dernier à la conférence de Ivan Odonnat, président de l’IEDOM (Institut d’Émission des Départements d’Outre-Mer) organisée par la Fipcom-Medef, sur un sujet d’actualité : les moyens de paiements actuels et futurs.

L’IEDOM, émanation de la Banque de France, a pour mission d'assurer la stabilité financière et la stratégie monétaire dans les territoires et collectivités d’outre-mer. À ce titre, son président a rappelé les grandes lignes du système bancaire actuel pour la zone euro. L’évolution est déjà notable dans l’utilisation des moyens de paiements avec des différences, culturelles parfois, selon les territoires. Aujourd’hui, trois courants d’innovation se développent : la numérisation des paiements, la multiplication des cryptoactifs et l’émergence des monnaies numériques.

De manière générale, les espèces (60% en 2016, 50% en 2022) diminuent au profit de la carte bancaire. Sur ce territoire la carte bancaire est privilégiée pour les sommes importantes, notamment par les foyers aux revenus élevés. Pourtant, la circulation fiduciaire ne cesse d’augmenter ; un paradoxe qui s’explique par le fait que les espèces sont devenues un moyen de thésauriser. La moyenne des espèces détenues par les habitants est de 3010 € dans l’hexagone, de 3898 € en Martinique, de 4578 € en Guadeloupe et de 16 745 € en Guyane.

Les espèces sont désormais concurrencées par les cryptomonnaies dont la plus connue est le Bitcoin (55,81%). Bien d’autres existent comme Ethereum (16,39%), Tether (4,37%), Binance Coin (3,58%) et la liste n’est pas exhaustive. Ces jetons numériques qui ne s’appuient sur aucune structure bancaire, permettent au sein d’une communauté d’internautes d’acquérir des biens ou des services. Mais une nouvelle génération, les stablecoins, des jetons numériques qui, eux, sont adossés à un fonds de réserve entrent en service depuis peu.

Ces systèmes posent cependant question en matière de stabilité, les fluctuations peuvent être importantes, et en matière de sécurité, le piratage étant aisé.

Face à ces évolutions, le Banque Centrale doit adapter ses missions. Le directeur d’Iedom a présenté à l’assemblée un nouveau projet, l’émission d’un euro numérique offrant la possibilité de régler dans les points de vente ou entre particuliers, tout en préservant la souveraineté monétaire, et en contribuant à l’amélioration des paiements transfrontaliers. D’autres banques centrales de par le monde envisagent de se lancer dans ce nouveau moyen de paiements et 150 projets sont d’ores et déjà en cours.

Ce sujet touche toutes les strates de la population et il faut y être attentif. L’inquiétude d’Alain Richardson est que ces nouveaux moyens de paiements qui nécessitent des applications, donc des smartphones, qui eux-mêmes évoluent sans cesse, peut causer une fracture sociale. Pour le 1evice-président de la Collectivité, il faut faire attention quand la technologie évolue aussi rapidement qu’une partie de la population ne reste pas en marge. Le mot de la fin est revenu au député, Frantz Gumbs : il ne faut mettre tous ses œufs dans le même panier ; l’euro numérique n’aurait servi à rien post-Irma !

Ann Bouard