05.06.2024

Électricité : comment la production est assurée à Galisbay

En 2022, l’énergie nette livrée par EDF en partie française de Saint-Martin s’élève à 181 GWh, en augmentation de 2,5 % par rapport à 2021. Cette tendance à la hausse de la consommation s’observe depuis 2017-2018, c’est-à-dire depuis une reprise de la consommation après le passage de l’ouragan Irma. En 2017 et 2018, la production avait chuté à 170 et 148 GWh.

Toutefois, la production actuelle est encore inférieure à ce qu’elle était avant 2017. Pour mémoire, en 2012, la production s’élevait à 196 GWh, en 2013 à 199 GWh, en 2015 à 201 GWh.

En ce qui concerne les moyens de production, EDF exploite dix moteurs dont sept qui lui appartiennent. La production s’effectue sur deux sites à Galisbay. Explications.

Deux usines de production

EDF a été autorisée par arrêté préfectoral en juillet 1983 à installer et exploiter une centrale thermique. Jusqu’en 2016, ce site abritait huit moteurs d’une puissance unitaire de 4,1 MW et deux moteurs d’une puissance unitaire de 3 MW. La puissance totale était de 38,8 MW.

En 2013, EDF a lancé un programme de modernisation de sa centrale à Galisbay en commandant trois nouveaux moteurs d’une puissance unitaire de 8,7 MW, soit une puissance totale de 26,1 MW.  A leur mise en service en 2016, six anciens moteur ont été déclassés, soit les deux de 3 MW et quatre de 4,1 MW.

Malgré ces cinq mises à l’arrêt, la puissance installée en 2016 est supérieure à ce qu’elle était, elle est alors de 42,4 MW.

De plus, un autre site produit de l’électricité, celui d’Energies Saint-Martin qui a été autorisée par arrêté préfectoral en décembre 2002. Ce site jouxtant celui d’EDF abrite trois moteurs mis en service en 2003 dont la puissance unitaire est 4,7 MW (14,1 MW au total).

Après autorisation administrative, EDF a été autorisée à exploiter en son nom tous les moteurs, les siens ainsi que ceux d’Energies Saint-Martin via un contrat, soit dix moteurs à partir de 2016.

Fin de la configuration à dix moteurs

Cette configuration devait valoir jusqu’au 31 décembre 2023. D’une part le contrat signé entre EDF et Global Contour (site Energies Saint-Martin) arrivait à échéance à cette date et était sans reconduction tacite. D’autre part, EDF était sommée de mettre à l’arrêt les quatre premiers moteurs mis en service entre 1992 et 1995 d’une puissance unitaire de 4,1 MW car ils étaient trop vieux. Mais les trois moteurs d’Energies Saint-Martin étaient aussi concernés.

En effet, pour des raisons environnementales (rejets atmosphériques), un arrêté ministériel fixe le nombre d’heures limite d’exploitation des moteurs. EDF doit mettre à l’arrêt ses sept moteurs au plus tard le 31 décembre 2023. Une dérogation a été accordée en mars 2014.

Perspectives

Il y a dix ans, EDF sait qu’à partir du 1er janvier 2024, la centrale de Galisbay fonctionnera avec ses trois moteurs mis en service en 2016 d’une puissance totale de 26,1 MW. Ce qui sera insuffisant.

En 2015, la société indique dans son «Bulletin prévisionnel de l’offre et de la demande », «il sera nécessaire de construire de nouveaux groupes pour une puissance équivalente». En 2019, EDF confirme qu’au 1er janvier 2024, «il [apparaitra] un besoin de 25 MW de puissance pilotable». La société soumet deux propositions : « de nouveaux moyens à puissance pilotable pour une puissance de 10 MW » pour compenser l’arrêt des quatre anciens moteurs et la prolongation de l’exploitation du site d’Energies Saint-Martin  pour offrir une puissance de 15 MW. «Dans le cas contraire », EDF imagine « plusieurs actions » afin de réduire le besoin, comme la «mise en place à court terme et de façon très volontariste d’actions de maîtrise de l’énergie », ou l’«activation d’un portefeuille d’effacement de consommations significatives (hôtel et dessalement en particulier) pour réduire le besoin de puissance à la pointe ».

EDF précise par ailleurs qu’en 2018 «des échanges techniques avec la société GEBE, ont eu lieu dans le but d’envisager des échanges d’énergie entre les deux parties de l’île. [Mais] cette possibilité a été écartée pour des raisons de structure de réseau et d’absence de surcapacité de production de part ou d’autre. »

En 2021, les perspectives demeurent les mêmes, aucun investissement n’a été lancé. Le besoin dès fin 2023 est toujours de 25 MW, voire de 30 MW dès 2026. EDF mise encore sur une prolongation de l’exploitation du site d’Energies Saint-Martin en évoquant une éventuelle «une conversation au biocarburant». Mais ces conditions «sont à étudier plus précisément». Et dans l’attente de «disposer de nouveaux moyens à puissance pilotable pour une puissance de 10 MW à court terme », EDF réfléchit à une prolongation de la date d’arrêt des de ses quatre anciens moteurs, date qui avait déjà fait l’objet d’une dérogation en 2014.

En juin 2022, EDF demande ainsi à la préfecture la prolongation de l’exploitation de ses quatre anciens moteurs ainsi que celle des trois moteurs d’Energies Saint-Martin. Il est acté que leur arrêt définitif «ne [lui] permettrait plus d’assurer la sécurité d’approvisionnement en électricité de l’île au regard de la demande et de l’absence sur le territoire d’autre moyen de production ».

Les services de l’Etat admettent en outre que «la définition des nouveaux moyens ou de renouvellement des moyens de production électriques pour assurer l’équilibre offre/demande sur une prochaine période de dix ans relève de la programmation pluriannuelle de l’énergie » or, cette PPE ne devrait pas être finalisée avant mi-2024 et que la mise en service de ces nouveaux moyens de production ne pourra se faire avant 2027 au plus tôt.

Dans ces conditions, les sept moteurs qui devaient s’arrêter au 31 décembre 2023, pourront continuer à fonctionner jusqu’au 31 décembre 2026 dans certaines conditions. Par exemple, les anciens moteurs d’EDF ne pourront être utilisés plus que deux heures par an.

Estelle Gasnet