03.10.2016

Homicides à Grand Case : les amis du conjoint tué, battent à mort l’amant et tentent de tuer deux autres personnes

Dimanche matin, la gendarmerie de Saint-Martin a procédé à l’arrestation de deux individus impliqués dans les homicides commis dans la nuit de samedi à dimanche.

«Cela aurait pu être un drame beaucoup plus grave mais c’est aussi un drame qui aurait pu être évité si l’un des individus n’avait pas porté d’arme», a commenté le vice-procureur, Yves Paillard lors d’une conférence tenue ce lundi en fin d’après-midi en présence de la gendarmerie. Dans la nuit de samedi à dimanche, deux hommes sont morts mais deux autres personnes ont aussi failli être tuées.

Aux alentours de minuit quarante-cinq, un homme visiblement épris d’un fort sentiment de jalousie et également fortement alcoolisé, décide d’aller chercher sa conjointe qui est sortie. Il soupçonne qu’elle soit dans le bar à Grand Case situé à l’intersection de la rue des Écoles et de la route nationale. Il y va donc avec deux de ses amis. Dans l’établissement, ils la voient danser avec un autre homme. Le conjoint suppose que ce dernier est l’amant de sa copine. Très vite la situation dégénère. Le prétendu amant sort l’arme de 9 mm qu’il porte - «un Glock 17 une arme réservée aux forces de sécurité», précise le vice procureur – et tire sur le conjoint. Il le blesse mortellement à la tête. Il décèdera quelques heures plus tard à l’hôpital.

Voyant leur ami allongé sur le sol, les deux amis répliquent aussitôt et se jettent sur l’amant. L’un d’eux saisit l’arme et tire à son tour mais il ne parvient pas à faire fonctionner l’arme. Ils le rouent alors de coups avec la crosse du révolver. L’amant décédera aussi quelques heures plus tard à l’hôpital.

Entre temps, la jeune femme s’est enfuie mais les deux amis la retrouvent. Ils la menacent et tentent aussi de lui tirer dessus mais l’arme ne fonctionne toujours pas.

Ensuite, les deux amis vont rendre visite à une autre personne qu’ils soupçonnent d’être à l’origine du différend entre leur ami et sa copine. Ils menacent également de la tuer. La personne visitée parvient à s’emparer de l’arme et à s’enfuir avec. Elle se rendra directement chez les gendarmes. L’arme a été saisie et fait l’objet d’analyse. «L’enquête devra confirmer qu’il s’agit bien de l’arme du crime», précise le vice-procureur.

À leur arrivée sur les lieux des meurtres, les gendarmes doivent d’abord faire face à la foule. «Il y a beaucoup de tension», rapporte le capitaine Emmanuel Maignan. «Il se passe une vingtaine de minutes avant que nous comprenions ce qui s’est passé», ajoute-t-il. Gendarmes de l’antenne de la section de recherche (ex-brigade de recherches), techniciens criminels, gendarmes mobiles, les moyens déployés sont importants. Rapidement, les deux amis sont identifiés. Ils seront interpellés dimanche dans les rues de Grand Case à 10h et 11h. «Nous sommes allés au domicile du second individu à Grand Case à 11h mais il n’y était pas. Nous l’avons interpellé dans la rue peu de temps après», souligne le capitaine Maignan. Ils ont été placés en garde à vue et devaient être déférés ce lundi soir où leur mise en examen et leur placement en détention provisoire devaient être prononcés. L’enquête doit aussi être confiée au pôle criminel de Pointe-à-Pitre.

Toutes les personnes impliquées dans l’affaire sont âgées de 24 à 26 ans et toutes résident à Grand Case.

La jeune femme au cœur de l’affaire a été placée sous protection.

Les premiers éléments de l’enquête qui a mobilisé une quinzaine d'officiers de police judiciaire, ont révélé qu’elle vivait bien en concubinage avec la première victime et ses quatre enfants. Toutefois, l’adultère n’a pas encore été confirmé. Cette affaire porte à huit le nombre d’homicides commis en partie française de l’île depuis le début de l’année. À noter que «la jalousie est un mobile relativement rare ici à Saint-Martin contrairement à en Guadeloupe», a commenté le commandant de gendarmerie Sébastien Manzoni.

Enfin, la gendarmerie invite toutes les personnes qui étaient présentes dans le bar samedi soir, à aller témoigner à la caserne de la Savane afin d’apporter des éléments susceptibles d’aider les enquêteurs à comprendre ce qui s’est passé. Des quarante personnes estimées présentes, seules quatre ont témoigné.

(Photo d'illustration : Gock 17, 9 mm)

Estelle Gasnet